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Mort de Michel Piccoli 12 mai 2020
Me revient à l’esprit une soirée mémorable en 1963 à la Sorbonne Nous rendions hommage ce jour-là à l’auteur du jour Rolf Hochhuth dont la tragédie Le Vicaire provoqua une sorte de tsunami dont les conséquences sont encore notables aujourd’hui. J’étais allé à Berlin assister à l’une des premières représentations sous la direction de l’audacieux Erwin Piscator.
Pouvais-je ne pas me déplacer pour une pièce de théâtre dénonçant le « crime » qui délégitimait à mes yeux l’église catholique et donc le pape d’alors Pie XII. Il n’avait pas dénoncé le crime absolu consistant à anéantir par le moyen d’abattoirs chimiques un peuple majeur de l’humanité, le peuple juif ! Je n’avais pas encore abordé la question. Le peuple juif m’était quasiment inconnu mais je reprochais au Vicaire de Dieu sur terre, en quelque sorte un Vice-Dieu, de ne pas s’élever avec la dernière énergie contre le crime fondamental qu’est la guerre en tolérant que les catholiques acceptent de porter une arme et de massacrer ceux qu’on leur désigne comme ennemis, souvent d’ailleurs catholiques eux-mêmes. J’étais pacifiste de cœur et d’esprit et découvrir que l’on mettait ainsi le pape en face de son devoir moral me bouleversait. Je ne prêtais pas spécialement attention aux Juifs mais le pape de toute façon était fautif et Hochhuth le traitant sur scène de criminel méritait mon hommage.
J’étudiais en ce temps-là à la Sorbonne pour devenir prof d’allemand. J’avais assisté évidemment à la première de la pièce à Paris au théâtre de l’Athénée. La rage catholique s’était acharnée contre elle. On sautait du balcon sur la scène pour tabasser les acteurs, dont Michel Piccoli. J’intervenais dans les couloirs pour séparer les belligérants. Il fallut jouer plusieurs semaines avec la lumière allumée dans la salle. De Gaulle avait refusé d’interdire le spectacle pour trouble à ordre public « Pie XII n’avait pas reconnu la France libre durant la guerre. Laissons faire »
On avait déconseillé à l’auteur de venir avant le retour au calme. . Je le découvris un jour dans les coulisses, en compagnie de sa femme, un peu désemparé par les turbulences. . Je l’abordai et lui servis spontanément d’interprète. Je devins son ami et traduisis par la suite plusieurs de ses œuvres. Il était un peu plus jeune que moi. Il vient de mourir à Berlin à 89 ans, auteur dramatique et poète de renom. 57 ans d’amitié en dépit de sérieuses divergences d’opinion. Michel Piccoli avait exactement le même âge que moi. Je n’étais pas un jeune étudiant ! Les autorités culturelles organisèrent cette soirée à la Sorbonne en présence des acteurs dont Piccoli, du traducteur Jorge Semprun, de Poliakov etc…. J’avais été choisi pour faire l’exposé, en allemand, face à l’auteur qui ne parlait pas français. A la fin de la soirée Piccoli me raccompagna, ou je le raccompagnai, dans les rues de Paris. Aucun d’entre nous ne mettait en doute la réalité non du « crime » de Pie XII mais de l’holocauste qu’on n’appelait pas encore shoah !
Comment douter alors que le triste héros du Vicaire, Gerstein, avait déclaré avoir assisté à une séance de gazage expérimental… ? Un crime unique dans l’histoire de l’humanité ! Nous avions retrouvé tous les protagonistes sur scène, le fonctionnaire de la déportation Adolf Eichmann, le diabolique docteur Mengele affublé des décennies durant du titre d’ ange de la mort et qui, aux dernières nouvelles, était probablement le plus humain des médecins d’Auschwitz. J’étais encore infecté par la croyance en l’insondable vilenie des « nazis ». J’étais cependant sur un sol déjà instable car mon expérience du IIIème Reich et quelques lectures avaient ébranlé mes fondements. Mais, si l’on n’était pas Rassinier, Bardèche ou Céline pouvait-on en 1963 mettre en doute les images apocalyptiques rapportées par Hitchccok et les journalistes convoqués par Eisenhower ? L’enfer de Dante mis en scène par le plus ignoble des dictateurs. Il me fallut quelque trente ans pour enfin voir la réalité des événements. Il fallut attendre la deuzième décennie du XXIème siècle pour que fût publié par un Juif honnête « Dites la vérité et vous humilierez le diable » (Gérard Menuhin)
Je reviens toujours sur les neuf tomes d’« Ecrits révisionnistes » de Robert Faurisson qui clarifient définitivement la question.
Michel Piccoli me replonge dans ces années charnières, celles où l’on commence à douter, comme on commence à douter en mai 2020 de la tragédie du « coronavirus »!
Jacques Vecker « Libre expression » Château de Vaugran 303480 St Paul la Coste 20 mai 2020